La musique et les enfants « dys »

La musique et les enfants « dys »
08.04.2016 Expériences et initiatives Temps de lecture : 6 min

Une classe d’éveil musical adaptée pour les enfants « dys »

Depuis toujours, la musique est un des outils utilisés pour aider les personnes souffrant de troubles cognitifs sans que son apport ait pu, jusqu’à une période récente, être réellement quantifiable, même si intuitivement on peut se douter de ses bienfaits sur la plasticité cérébrale.

Depuis quelques années, les recherches sur l’apport de la pratique musicale sur les capacités cognitives sont en pleine expansion, et les neurosciences ont mis en évidence les liens entre musique et troubles des apprentissages, notamment la dyslexie. Il a été montré que le langage et la musique partagent les mêmes réseaux neuronaux. La pratique musicale peut donc constituer une aide précieuse dans l’évolution des troubles cognitifs, notamment en faisant interagir différentes zones du cerveau, par exemple les zones liées au langage et celle liées à la motricité.

Et cela fonctionne d’autant mieux que le plaisir de la musique partagée, en stimulant les circuits neuronaux de la récompense, rendent les apprentissages plus efficaces. Ce n’est un secret pour personne, on apprend beaucoup mieux en s’amusant ! C’est ainsi que la musique peut venir en soutien aux méthodes de rééducation, comme l’a récemment démontré par exemple le Dr Michel Habib, neurologue spécialiste des troubles « dys » au CHU de Marseille (voir articles sur le site de l’association mélodys).

Les «dys» c’est quoi ?

On regroupe sous “troubles Dys” les troubles cognitifs spécifiques et les troubles des apprentissages qu’ils induisent.

Les troubles cognitifs spécifiques apparaissent au cours du développement de l’enfant, avant ou lors des premiers apprentissages, et persistent à l’âge adulte. Ils ont des répercussions sur la vie scolaire, professionnelle et sociale, et peuvent provoquer un déséquilibre psycho-affectif.

Certains de ces troubles affectent les apprentissages précoces : langage, geste…
D’autres affectent plus spécifiquement les apprentissages scolaires comme le langage écrit, le calcul. Ils sont le plus souvent appelés troubles spécifiques des apprentissages.
(source ffdys – Fédération Française des Dys)
Ces enfants ont en commun leur intelligence normale, mais aussi besoin que l’on respecte leur rythme d’apprentissage, en évitant de les mettre en situation d’échec, situation à laquelle ils peuvent être confrontés à l’école.

Quels bénéfices de la pratique musicale pour les « dys » ?

Les enfants dysphasiques et dyslexiques pourront améliorer le traitement de l’information phonologique en prenant conscience des modulations d’amplitude et de rythme de la musique qui sont analogues à ceux de la parole. Leur faible mémoire de travail sera entraînée dans la joie et la bonne humeur par la reproduction de rythmes ou de mélodies, et plus tard des chansons.

trianglerymea.jpgLes dyspraxiques pourront améliorer leurs difficultés de coordination lors des exercices de rythme permettant de dissocier gauche et droite, bras et jambes. Plus tard, lors de la pratique instrumentale, ils pourront travailler l’habileté manuelle d’abord grâce au carillon, puis avec l’instrument qu’ils auront choisi.

boisrymea.jpgLes enfants souffrant de troubles de l’attention pourront être aidés à se canaliser, la musique leur permettant de faire plusieurs choses en même temps (par exemple chanter et frapper le tempo) et de varier les activités tantôt d’écoute, tantôt motrices proposées pendant les séances d’éveil musical.

A tous elle permettra un accès facilité à la culture, et une occasion d’avoir un vrai loisir, pour que toute leur vie ne soit pas entièrement centrée sur la rééducation et leur trouble « dys ».

Où trouver des cours de musique adaptés ?

Dans les conservatoires ou les écoles de musique conventionnels, les enfants doivent généralement s’adapter au rythme de la classe, avec des professeurs souvent désemparés face à leurs difficultés. Mais de plus en plus, des référents « handicap » commencent à y être désignés. Grâce au réseau musique et handicap, à l’association mélodys à Nice, ou des structures qui ont un projet tourné vers le handicap comme Léthé musicale à Lyon, on peut maintenant trouver des cours de musique adaptés, même si beaucoup reste à faire.

L’exemple de Ryméa

A Lyon l’école de musique Ryméa joue depuis 30 ans la carte de l’inclusion : s’adressant à tous, son projet pédagogique est basé sur la méthode Willems, une des grandes méthodes d’éducation musicale dites « actives » : on commence en douceur par l’imprégnation active du monde sonore, le musicien étant en premier lieu celui qui écoute. Elle privilégie la participation active des enfants autour de chansons, d’exercices d’audition, de rythmes et de mouvements corporels. L’improvisation, un des principes essentiels de cette pédagogie, permet aussi de développer la créativité et la confiance en soi. En cela, même si elle est destinée à tout le monde, elle est particulièrement bien adaptée à ceux « qui ne rentrent pas dans le moule ».

L’école propose des cours de musique, une classe d’éveil musical mais aussi des cours individuels à ceux qui ont un handicap plus lourd ou tout simplement trop de difficultés à apprendre ou à participer au sein d’un groupe.

La présidente de cette association, mère d’un enfant dysphasique, et convaincue de l’apport de la pratique musicale dans la régression des troubles de son fils, a souhaité franchir une étape de plus : elle y a ouvert, en partenariat avec l’association Mélodys, une classe d’éveil musical à petit effectif, spécialement adaptée pour les enfants souffrant de troubles sévères des apprentissages, où leur difficultés spécifiques sont prises en compte par une enseignante spécialement formée.

Après avoir suivi la classe d’éveil musical, ceux qui n’ont pas de difficultés particulières pour l’apprentissage de la musique pourront rejoindre les cours « classiques », ceux le souhaitent pourront, entreprendre la pratique instrumentale en cours individuels. Et tout ceci sans pression, sans contrainte de temps, sans examens, sans notes, sans jugement, politique que nous pratiquons déjà avec succès avec nos autres élèves. Ce qui fonctionne pour les enfants « dys » fonctionne aussi pour les autres !

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Contact :
Ryméa, école d’éducation musicale Willems®
46, rue Bugeaud 69006 Lyon
tél : 04 78 52 25 88
contact@rymea.net
https://www.rymea.fr/

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