LSF ou communication gestuelle associée à la parole ?

LSF ou communication gestuelle associée à la parole ?
26.04.2019 Réflexion sur Temps de lecture : 3 min

Une présentation de la communication gestuelle associée à la parole

Les médias se font régulièrement l’écho d’une pratique auprès des très jeunes enfants appelée « Langue des Signes Bébés ». Tout comme Sandrine Higel, créatrice de l’association Signes2mains, je préfère utiliser les termes de « communication gestuelle associée à la parole ».

L’outil de communication que je propose, au cours de formations auprès des professionnels ou d’ateliers auprès des familles, utilise la gestuelle avec des signes empruntés à la langue des signes française (LSF).

Dès la naissance en effet, l’enfant utilise tout son corps pour communiquer. La gestuelle est donc naturelle et d’ailleurs elle perdure chez nous, adultes (lorsque nous parlons, il est fréquent que nos gestes accompagnent voire complètent nos mots).

Comme le dit Sandrine Higel, « le signe est la partie visible de l’iceberg » : il ne s’agit pas de faire des signes pour faire des signes…

Les professionnels apprécient le sens donné à cet outil : le signe est au service du renforcement d’une posture bienveillante de l’adulte dans sa communication avec le jeune enfant. Elle conduit tout particulièrement à être face à l’enfant, à sa hauteur, à prendre le temps, à accroître son observation, à rendre l’enfant acteur dans les échanges, en définitive…à créer du lien.

Si cet outil peut créer un pont entre deux mondes, celui des sourds et celui des entendants, il faut toutefois rappeler les différences entre la LSF et la communication gestuelle associée à la parole : 

  • La communication gestuelle associée à la parole : seul le mot important de la phrase est signé et cette gestuelle reste toujours associée à la parole. De plus, la syntaxe suit celle du français parlé.
  • La LSF est quant à elle une langue à part entière, reconnue comme telle depuis 2005, avec une grammaire et une syntaxe qui lui sont propres et qui sont différentes du français. De plus en plus d’entendants souhaitent l’apprendre, ce qui participe à l’inclusion de la communauté sourde au sein de notre société.

Avec de jeunes enfants entendants, la communication gestuelle associée à la parole ne consiste pas à supprimer la parole : l’enfant a besoin d’un bain de langage pour un jour, par imitation, être en capacité de parler à son tour. Il n’a pas encore « les mots pour le dire », alors nous lui proposons de manière ludique des gestes qui viennent enrichir les signes qu’il utilise naturellement sans pour autant arrêter de verbaliser et sans simplifier à l’extrême notre discours en limitant l’utilisation des mots aux signes utilisés.

C’est bien parce que des américains tels Joseph Garcia, Linda Acredolo et Susan Goodwyn ont remarqué les compétences des jeunes enfants pré-verbaux à reproduire des signes que cet outil a vu le jour. Et, j’insiste, c’est bien un outil proposé à l’enfant, qui s’en saisira…ou pas. Car ce qui prime avant tout c’est le respect de l’enfant, de son bien-être, de sa différence.

Et si son utilisation vient aussi servir l’accueil d’enfants différents dans les établissements d’accueil, voilà une raison de plus de l’introduire, en espérant que la sensibilisation à la langue des signes qui en découlera, conduira encore plus de personnes à apprendre cette langue.

 

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