L’Audace de l’Instruction pour les enfants différents

L’Audace de l’Instruction pour les enfants différents
05.11.2012 Expériences et initiatives Temps de lecture : 8 min

Aider son enfant à la maison, est-ce lui faire faire des tonnes d’exercices ou de cahiers de vacances ? Accompagner les enfants les faire s’épanouir, est-ce leur donner le goût d’apprendre, d’avoir la notion du devoir et du travail compris et bien fait ?

Mon expérience auprès d’enfants en difficultés scolaires ou porteurs de handicap cognitif…

 

Je suis entrée dans la vie professionnelle il y a 30 ans. J’ai commencé par exercer la profession de professeur des écoles, puis celle de professeur des écoles spécialisé dans les troubles des fonctions cognitives passionnément. J’ai été et je suis de plus en plus convaincue que, quel que soit le degré de développement de l’intelligence que possède l’enfant, les progrès sont à sa portée.

Aujourd’hui, j’ai créé un lieu, www.teddi.fr, où l’instruction de ces enfants différents est la priorité. Je me situe donc en complément du corps enseignant, comme une aide que je peux apporter au système qui, de part sa vocation collective, ne dispose pas des moyens permettant de travailler au plus près des besoins particuliers de l’enfant, voir même à la limite d’une sorte de préceptorat.

Comment j’aborde la relation avec un enfant en difficultés scolaires ou porteurs de handicap cognitif ?

Tout Enfant Différent a Droit à l'InstructionÊtre persuadée de sa capacité à évoluer, à s’élever et, de ce fait, occuper une place meilleure dans notre société que celle qu’il aurait. De mes paroles et de mon discours d’intention découlent mes actes et le suivi nécessaire.

La première des conditions pour aborder cette relation est de porter en soi la conviction de la valeur de l’être que l’enfant représente.

Je me situe par delà les a priori et les modèles stéréotypés de réussites que présente notre société.

Après tout, c’est quoi réussir sa vie ?

Souvent, je me demande si, à l’heure du bilan final, ma vie aura plus de valeur que celle d’un jeune trisomique qui accueille tous ceux qu’ils croisent avec bienveillance ou de celle d’un jeune autiste qui m’ invite à me rapprocher de l’essentiel de mon être à chaque rencontre?

La seconde de ces conditions est de bien connaître:

  • d’une part, les différentes étapes de développement cognitif d’un enfant afin de pouvoir situer où en est vraiment celui-ci. L’analyse qui en découle va bien au delà de son âge civil et du niveau scolaire qui devrait lui correspondre;
  • d’autre part, les caractéristiques des différents diagnostics émis par le secteur médical afin d’en tenir compte lors de la remédiation scolaire  (Ex : dans le cas d’un enfant porteur d’autisme, privilégier les supports visuels; dans celui d’un enfant ayant des troubles de l’attention, veiller à ce qu’il ait les mains en action…);
  • et enfin, de bien connaître les outils pédagogiques et l’utilisation qui peut en être faite.

Cela ne s’improvise pas!

Une information régulière, une formation spécifique et continue est nécessaire. Je cherche régulièrement dans ce qui existe déjà, et dans ce qui peut être créé; j’adapte les différentes manières de les présenter aux enfants selon l’objectif visé. Il faut, pour cela, connaître les compétences que requiert, chez l’apprenant, chaque matériel proposé. Bien souvent, nous nous fions à ce qui est indiqué sur les boîtes de jeu mais sommes-nous sûr qu’il y ait eu une analyse des structures logico-mathématiques ou infra-logiques correspondant vraiment aux compétences des enfants ? Je considère qu’il m’appartient d’analyser ce que peut mobiliser telle ou telle manière d’utiliser tel ou tel jeu, savoir: anticipation, rétroaction, mémorisation visuelle ou auditive ou même tactile, déduction, comparaison, traitement de l’information implicite, topologie, correspondance terme à terme, construction de l’objet permanent, de la conservation de la quantité…

Pour exemple, qui eut pu imaginer que le jeu du « UNO junior », demande plus de compétences que celui des seniors ? En effet, le premier traite trois 3 critères à la fois dans la différence des points de vue pour seulement deux dans le second !

La troisième de ces conditions est celle de l’étroite collaboration entre la famille et l’enseignant. En effet, qui, mieux que ses parents, peuvent nous renseigner sur la personnalité de l’élève? Qui, mieux que ses parents, l’accompagnent chaque jour dans la vie quotidienne à la maison?

Tout Enfant Différent a Droit à l'InstructionIl s’agit là d’une clé très importante de la réussite de cette remédiation. C’est en partant de la personnalité des enfants que je vais jusqu’à leur difficulté ou leur handicap. Je travaille avec des être vivants qui n’ont pas pour but de rentrer dans des programmes! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit!, le programme a une utilité: il permet d’établir des niveaux de compétences qui donnent des repères aux enseignants.
Toutefois, un programme idéal consisterait à s’adapter à la personnalité de chacun. Ce qui est extrêmement difficile aujourd’hui, c’est cette agression que peut ressentir une personne consciente de sa différence et de sa volonté à s’épanouir, au fait qu’une sorte d’acharnement à ne se fier qu’à des cases dans lesquelles il faut faire rentrer les enfants prenne une telle importance.

Que devient la possibilité d’épanouissement de chacun quand l’être doit être modelé pour rentrer dans le moule communément établi pour tous? Comment considère t-on la différence?
Différent est-il synonyme de déviant?

Aider son enfant à la maison, est-ce lui faire faire des tonnes d’exercices ou de cahiers de vacances ? Accompagner les enfants vers une élévation, les élever, les faire s’épanouir , est-ce les surcharger de leçons et de devoirs ou est-ce leur donner le goût d’apprendre, d’avoir la notion du devoir et du travail compris et bien fait?

L’apprentissage passe par des enseignements scolaires mais ce n’est pas tout… avons nous oublié le rôle de l’ordinaire?

A t-on oublié que le bon sens enseigne aussi? Savoir différencier le linge propre de celui qui est sale permet d’élaborer des différences et des ressemblances qui seront une base pour différencier des lettres comme p/q ; d/b ou encore un mot d’une syllabe, le nom d’une lettre de son son (par exemple, la lettre « R » se prononce « ère » et pourtant, le son provoquer en l’utilisant en lecture est « rrrr ». Je vous laisse passer l’alphabet, vous allez rire…)

Se servir d’un arrosoir, permet de construire la verticale et l’horizontale, fonction cognitive indispensable à la mise en place de l’espace.
Etendre la lessive, avec maman, permet de manipuler des pinces à linge et de muscler l’acte de pincer par l’opposition du pouce avec les autres doigts, indispensable à la tenue du crayon…
Passer du quotidien vécu à l’abstrait d’un concept pensé permet d’établir l’aller retour entre l’objet et son évocation, l’évocation et l’objet.
Le trait, dessiné sur une fiche, entre un coquetier et son œuf remplacerait-il la phase tactile nécessaire pour s’approprier des notions comme le volume, le contenu, le contenant, la comparaison terme à terme, phase primordiale pour la construction du nombre et de la numération par exemple ?

La plupart du temps, dans mes bilans, apparaissent chez les plus jeunes (cognitivement parlant bien sûr !) des manques d’assimilation de cet ordre qui empêchent le cheminement vers la généralisation des concepts et leur utilisation avec une mise en sens de ce que l’enfant fait et de ce qui est attendu de lui .
Pour d’autres, se sont des confusions totales entre des leçons et leurs applications. C’est comme s’il leur manquaient, la phase intermédiaire ! Comment passe t -on de la théorie à la pratique et réciproquement. Comment jongler avec l’implicite ? Au passage, remarquons que la déduction utilise l’invisible par rapport au visible, ne sommes nous toujours pas dans l’établissement de différences et de ressemblances ?

Comment construire l’équivalence ? (dite aussi différence de point de vue)? une même chose vue, peut s’appeler, se ranger de façon différentes (1 dizaine =1 groupe de 10 = 10 unités, l’enfant voit 1=10 et ça, ce n’est pas vrai !)…

Tout mon travail de remédiatrice scolaire consiste à proposer une rééducation scolaire, qui se situe au delà du simple soutien scolaire, afin d’ aider les enfants à mettre ou remettre de l’ordre dans leurs connaissances cognitives, à leur rythme et dans une relation duelle qui permet une pédagogie de détails au plus près de leurs besoins particuliers.

C’est en permettant, aussi, aux parents de se réapproprier leur rôle d’apprenant auprès de leur enfant, dans la vie de tous les jours, que les élèves retrouveront le goût d’apprendre. Pour cela, je montre à ces familles le lien entre l’ordinaire et les apprentissages scolaires afin qu’ils fassent la part des choses entre l’attention à porter à leurs enfants et les seuls critères attachés aux compétences techniques que la société définit de manière égalitaire et collective.

Pour mieux connaître la remédiation scolaire proposée par le service Teddi « Tout Enfant Différent a Droit à l’Instruction », consultez le site internet :
http://www.teddi.fr/

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